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15 Déc

Cambodge Mag – Environnement : Bak Maï l’éléphant : Retour à la vie

Deuxième volet de l’aventure Bak Maï, opération de sauvetage d’un éléphant condamné à mort. Dans cet épisode, le détail de son retour à la vie et sa réintégration dans un environnement semi-sauvage. Récit par Py Clais.

Premiers jours de Décembre : …Une petite équipe de membres de l’association Aïravata (1) s’est rendue dans le Mondolkiri pour organiser le transfert de Bak Maï, l’éléphant  »tueur », dans la forêt d’O’Katieng, dans le Ratanakiri. A notre arrivée, nous avons facilement trouvé l’éléphant, à présent célèbre, à quelques kilomètres de Sen Monorom. Bak Maï était enchaîné dans un champ aux abords de la forêt.


Bak Maï l’éléphant et Chnda Clais, Présidente d’Aïravata(1)

Lorsque nous avons décidé de le rencontrer, nous nous approchâmes lentement pour ne pas l’effrayer ou déclencher une réaction agressive. Mais Bak Maï était calme, très calme. Il était aussi maigre et semblait fatigué. En fait, il venait d’être capturé à nouveau … Quatre jours plus tôt, Phal, l’un de nos mahouts de Ratanakiri, a dû s’éjecter de son dos pendant une séance de monte visant à réapprivoiser la bête. Bak Maï était devenu nerveux et secouait violemment la tête. En mahout expérimenté, Phal a choisi de sauter à terre plutôt que de se faire envoyer valser l’éléphant….
Plus tard, l’animal effrayé a continué à jouer à cache-cache tandis que les autorités locales craignaient un nouvel incident et menaçaient de le tuer ! Les spécialistes du zoo de Phnom Tamao ont été invités à venir le tranquilliser une deuxième fois, malheureusement, après leur dernière intervention, ils avaient épuisé leur stock de tranquillisants et il a fallu en faire venir d’Australie. Lorsque le médicament est finalement arrivé, Bak Maï venait d’être repris « naturellement » par les mahouts …


Négociations avec les familles

Après cette visite de contrôle avec l’éléphant, la prochaine étape a été de rencontrer les personnes derrière la survie de Bak Maï, l’ONG ELIE (Éléphant Livelihood Initiative Environment), les pionniers de la protection des éléphants au Cambodge! Ce sont ces gens qui nous ont alerté et suggéré de sauver Bak Maï. Ils avaient organisé sa capture après l’incident tragique et réussi à dissuader la famille, affligée par la mort du mahout, de ne pas laisser Bak Maï mourir de faim.


Bak Maï libéré de sa prison de boue

Jemma Bullock, directrice de projet d’ELIE, nous a donné plus de détails sur l’épreuve que Bak Maï a traversée. Pendant plusieurs jours, il a été enchaîné au genou dans la boue, sans nourriture et sans eau, sauf ce que l’ONG pouvait lui apporter en quantité limitées. Des heures de négociation avec les quinze familles copropriétaires de l’animal furent nécessaires pour les convaincre que la mort n’était pas la seule solution pour Bak Maï! D’ailleurs, d’autres témoignages nous sont parvenus sur la personnalité de Bak Maï avant l’accident, l’un d’entre eux, venant d’un touriste français était particulièrement touchant et éloquent :  »…J’ai rencontré Bak Maï en 2013, il a été notre éléphant pour une randonnée de deux jours dans la forêt avec quelques villageois. C’était un animal très gentil et docile avec les gens. Je me souviens de grands câlins avec lui et le dernier jour, juste quand je partais, il a échappé à son mahout pour nous rencontrer sur le bord de la route pour une dernière étreinte. Il est clair qu’il a besoin d’aide et de protection. Merci pour ce que vous faites… ».


Important que Bak Maï réapprenne le contact avec l’humain

Quand Bak Maï est parti à pied pour le Ratanakiri, le premier jour a été une véritable épreuve pour tout le monde, le pauvre animal était confus, il n’avait pas été monté depuis très longtemps et refusait d’avancer. Tous les cinq mètres, il secouait la tête. Après cinq heures de route, nous avions à peine parcouru un kilomètre ! La deuxième journée a été plus prometteuse avec environ cinq kilomètres de terrain parcouru. Notre équipage ne voulait pas le précipiter car il devait regagner du poids, de la force et de la confiance. Des liens se créaient peu à peu, Bak Maï n’a jamais montré d’agressivité et a progressivement commencé à marcher plus vite et ,finalement, a pu atteindre le Ratanakiri en seulement quatre jours, en ligne droite à travers la forêt !


Bak Maï finalement dans le Ratanakiri

Une nouvelle vie commence maintenant pour lui. Elle sera d’abord faite de repos, de festins de bambou, de liens avec ses nouveaux mahouts et de fraternisation avec les autres éléphants d’Aïravata. A son arrivée, il a été accueilli très amicalement par ses trois autres congénères. Même les mâles semblaient heureux de secouer la trompe avec lui !


Avec les autres éléphants d’Aïravata

Bientôt le vrai travail commencera, nous devrons apprendre à connaître Bak Maï en profondeur, être capable d’anticiper ses réactions, le familiariser avec nos mahouts locaux ainsi qu’à la présence d’experts étrangers. Ensuite, nous serons en mesure de lui assurer un véritable avenir sachant qu’il est quasiment impossible pour lui de retourner dans la forêt, une forêt qui disparaît peu à peu, et où les mauvaises rencontres sont souvent fatales pour les éléphants à l’état sauvage.


Bénédiction pour l’éléphant rescapé

Le chemin pour réhabiliter Bak Maï sera long et difficile ; Nous en sommes très conscients, pourtant nous sommes très heureux d’y participer et nous irons jusqu’au bout !

(1) Aïravata est une association cambodgienne qui travaille pour la préservation des derniers éléphants du Cambodge: www.airavata-cambodia.com/en/

 
Aider Aïravatade pour le sauvetage de Bak Maï

http://www.cambodgemag.com/2016/12/environnement-bak-mai-lelephant-retour.html